Free Bassel/Wikimedia Foundation mourns the loss of Bassel Khartabil/fr
La Fondation Wikimédia est en deuil pour Bassel Khartabil, wikimédien syrien et défenseur de la culture de l’ouverture
editLa famille de Bassel a reçu cette semaine la confirmation de son exécution par le régime syrien fin 2015, peu de temps après qu’il ait été déplacé de la prison syrienne où il se trouvait.
editLa Fondation Wikimédia est profondément attristée par la nouvelle de la mort de Bassel Khartabil, membre de la communauté Wikimédia et défenseur de la culture de l’ouverture, également connu par certains sous le nom de Bassel Safadi. Nos cœurs se portent vers sa famille, ses amis et les communautés du monde entier.
Bassel a été emprisonné par le gouvernement syrien le 15 mars 2012, au milieu d’arrestations pour le premier anniversaire du soulèvement syrien. Il était absent depuis octobre 2015, lorsqu’il a été retiré de la prison de Damascus où il était détenu. Nous gardions espoir qu’il se trouvait en sécurité et serait finalement relâché par le gouvernement. Cependant, sa femme, avocate syrienne des droits de l’homme Noura Ghazi Safadi, a partagé cette semaine dans une déclaration qu’il avait été exécuté peu de temps après avoir été sorti de la prison d’Adra.
Basser était un meneur, un défenseur et un membre d’un grand nombre de communautés de la culture libre ; il avait un rôle pivot dans le développement du mouvement d’ouverture des sources dans le monde arabophone. En plus de sa défense pour Wikimédia et ses contributions — de nombreuses ayant été faites anonymement —, il était meneur de projet et affilié public de Creative Commons Syrie, un ami de la communauté Global Voices, un défenseur du logiciel libre et contributeur à Mozilla, le fondateur du hackerspace Aiki Lab à Damascus, et beaucoup d’autres choses.
Avant sa détention, il travaillait sur une reconstruction virtuelle en 3D de la vieille ville Palmyra de Syrie, dont la majeure partie a été détruite par ISIL en 2016. Son travail pour préserver, numériser et répliquer l’ancienne ville s’est poursuivi à travers les efforts de #NEWPALMYRA, une collaboration de modeleurs 3D, d’archéologues, d’artistes, de curateurs, de développeurs, d’éducateurs, de journalistes, de chercheurs et de wikimédiens.
En 2014, le Parlement européen a reconnu Bassel comme ayant « ouvert Internet en Syrie en étendant largement l’accès en ligne et la connaissance au peuple syrien ». Pour sa liste des plus grands penseurs de 2012, Foreign Policy a nommé Bassel, avec Rima Dali, comme 19e pour « avoir réclamé avec insistance, envers et contre tout, une révolution pacifique en Syrie ». Le 21 mars 2013, Bassel a été sélectionné pour une récompense par l’Index on Censorship relative à la liberté d’expression dans la catégorie Libertés numériques.
Bassel était connu dans le mouvement wikimédia pour son enthousiasme et sa passion sans limites, encourageant toujours les autres à partager, créer et se connecter avec le monde autour d’eux. En 2014, il a travaillé avec un ami pour écrire anonymement depuis l’intérieur d’une prison dans laquelle il était détenu. Dans son post inaugural sur le blog, « Je suis dans une prison syrienne », il a déclaré qu’il avait été arrêté pour ses écrits et ses idées. En dépit du danger et des difficultés, un triomphe se dégage de ses écrits, car le « gouvernement voulait me faire taire, parce qu’il a échoué et ce blog en est la [preuve] ». Ses tweets, depuis le même projet de blogage hors ligne, nous ont rappelés que « Nous ne pouvons pas combattre la prison sans mémoire et sans imagination. »
Comme Bassel, nous croyons dans le pouvoir de l’écrit, des mots et de la mémoire. Chaque jour, des centaines de millions de personnes visitent les projets de la connaissance libre comme Wikipédia, pour apprendre, retrouver et créer. Nous profitons de la générosité des contributeurs à Wikimédia du monde entier, mais très peu d’entre nous prenons le temps de considérer les craintes auxquelles de nombreux contributeurs font face. La nouvelle de la mort de Bassel est un rappel douloureux du risque et de la difficulté à laquelle de nombreuses personnes sont confrontées par le simple exercice de leurs droits fondamentaux de partager et d’apprendre.
Nous croyons que tout le monde devrait être en mesure de parler et partager librement. Nous croyons que cet engagement pour l’expression, l’ouverture et la créativité remet au jour notre humanité partagée et la fondation d’un monde meilleur. Le mouvement global des cultures libres et de la connaissance libre est plus fort grâce aux contributions de Bassel. Nous regrettons considérablement sa perte, et nous joignons à sa famille, ses amis et les communautés pour honorer sa mémoire. Nous continuerons à soutenir les valeurs pour lesquelles il a vécu.
Katherine Maher, directeur exécutif
La Fondation Wikimédia